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Culture

Deux sculptures de Biron, exposées au MET de New York, vont bientôt reprendre leur place au château

Deux sculptures du XVIe siècle, qui appartenaient au château de Biron, trônent depuis 1908 au Metropolitan Museum of Art (MET) de New York. Ces joyaux de la Renaissance française vont être copiés à l’identique grâce à la technologie 3D et leurs répliques, réalisées par l'Atelier des fac-similés du Périgord, seront installées à leurs emplacements d'origine, au terme d'un an de travail.

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Il aura fallu plus d'un siècle pour que la sculpture Pieta avec donateurs, Pons de Gontaut et son frère Armand, évêque de Sarlat, et la mise au tombeau du Christ, créées à Biron vers 1515 retrouvent leurs emplacements d'origine au sein de la chapelle du château. Ces deux oeuvres de la Renaissance, exposées depuis 1908 au Metropolitan Museum of Art de New York, vont en effet faire l'objet de copies à l’identique grâce à la technologie 3D.

Ces fac-similés, qui seront fabriqués d'ici quelques mois, sont le fruit d'un partenariat exceptionnel imaginé il y a 70 ans et scellé la semaine dernière, au MET à New York, entre l'un des plus grands musées du monde et le Département de la Dordogne. C'est l'Atelier des Fac-similés Périgord (AFSP), filiale de la Semitour, qui a été chargée de reproduire les deux imposantes sculptures d'un artiste anonyme, datées de 1504 ou 1515, des scènes bibliques intitulées "Mise au tombeau du Christ" et "Pietà avec des donateurs".

400 ans d'histoire de Biron

Ces oeuvres ont occupé pendant près de 400 ans la chapelle du château de Biron avant d'être vendues en 1907 par le dernier marquis de Biron au richissime banquier américain John Pierpont Morgan, également président du MET, qui les expose aux visiteurs à partir de 1908.

Depuis, une première tentative pour récupérer les sculptures, sous forme de moulages, a été effectuée en 1953, en vain, avec le musée new-yorkais.

Propriétaire du château de Biron depuis 1978 dont il a fait un centre touristique et culturel qui accueille des expositions d'art moderne, le Département de la Dordogne s'est rapproché du MET en 2018 pour relancer ce projet de copie des oeuvres originales. 

Des premiers essais technologiques ont été effectués en 2022. Un accord de reproduction des oeuvres, pour un montant de 24.000 euros, a été signé le 15 février à New York.

"Ce type de relation et d'échange nous assure que les oeuvres d'art existent en deux lieux", s'est félicité Griffith Mann, le conservateur pour l'Art médiéval du MET, pour qui le musée et ses millions de visiteurs est "l'endroit le plus sûr pour préserver les sculptures" originales du Périgord, au prix aujourd'hui inestimable.

Un art "made in Périgord"

Les répliques des sculptures seront fabriquées à Montignac-Lascaux, au sein de l'Atelier des Fac-similés du Périgord. Elles prendront forme grâce à la technologie de la 3D qui permet une modélisation numérique et qui évite de travailler sur place et de déplacer ces oeuvres originales monumentales. "On peut aujourd'hui employer des techniques non invasives en réalisant un moule numérique", s'est réjouit Francis Ringenbach, directeur de l'AFSP, qui veut "reproduire, simplement et à l’identique".

Outre le recours à des "techniques contemporaines", il faudra "90% de travail artistique pour reproduire l’usure du temps", comme la patine sur le marbre des statues à l'état de conservation exceptionnel.

Les répliques, qui trouveront la place qu'occupaient les originaux dans la chapelle de Biron, coûteront autour de 350.000 euros, et aussureront près d'un an de travail à l'AFSP, atelier qui a notamment réalisé les fac-similés du centre international de l’art pariétal - Lascaux IV, et les répliques Lascaux II et Lascaux III.