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Environnement, Routes

Les falaises autour de Beynac sont particulièrement fragiles

A la demande du Département, le cabinet d’experts-géologues Géolithe a réalisé une étude relative à la fragilité des falaises bordant la RD703 à Saint-Vincent-de-Cosse et Beynac-et-Cazenac. Les conclusions sont sans appel : la probabilité qu’un éboulement se produise sous un délai plus ou moins court est particulièrement élevé sur ce secteur.

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Tombera ? Tombera pas ? La chute de pierres provenant d’un muret à la suite d’un glissement de terrain sur la RD703 en plein cœur de Beynac le 28 janvier dernier au soir est là pour rappeler que, malheureusement, en matière d’éboulements, le risque zéro n’existe pas.

Au contraire, la fragilité des falaises à Beynac comme dans plus d’une soixantaine de secteurs identifiés sur l’ensemble du territoire, est une réalité qu’il faudrait avoir constamment en tête.

Au cours des soixante dernières années, de nombreuses chutes de falaises, éboulements de pierres ou glissements de terrain ont été comptabilisés en Dordogne. Par chance, ce sont principalement des dégâts matériels qui ont été à déplorer.

Fréquence des cycles de gel et de dégel, présence de végétation sont autant de facteurs qui expliquent les chutes régulières de rochers et de pierres. Un phénomène qui tend malheureusement à s’accentuer de plus en plus à cause du changement climatique, qui se décline par une accélération des épisodes de précipitations extrêmes en peu de temps, ainsi que des intersaisons plus pluvieuses et des périodes estivales avec des sécheresses plus intenses.

Conséquence directe, les chutes de pierres et de masses rocheuses s’intensifient. Cela conduit à fermer des routes départementales comme par exemple la RD50 sous la falaise de Domme, la RD66 à Peyzac-le-Moustier ou encore la RD703 à Beynac. D’autres secteurs pourraient également être concernés pour les mêmes raisons comme la RD703E1 à Mouzens.

Une situation préoccupante autour de Beynac

La prise de conscience de la multiplication de ces phénomènes a conduit le Département de la Dordogne à missionner le cabinet d’expertise géologique Géolithe pour qu’il réalise une étude dite de « diagnostic géotechnique en matière de protection contre les éboulements rocheux » sur les communes de Saint-Vincent-de-Cosse et Beynac-et-Cazenac le long de la RD703.

La portion étudiée par le cabinet, durant cinq semaines en novembre et décembre, est en effet un lieu de passage particulièrement important (axe structurant Bergerac-Sarlat) pour les poids lourds en transit ou le trafic touristique. Autre donnée importante, la situation de cette route, coincée entre falaise et rivière, une configuration rendant totalement impossible son élargissement.

Recenser les instabilités rocheuses potentielles et évaluer la probabilité de chutes de pierres et d’éboulements sur la RD703, telle était l’objectif poursuivi par Géolithe.

Pour mener à bien ses travaux, le cabinet d’experts-géologues a divisé le secteur de son étude en neuf secteurs et a soigneusement inspecté les versants et affleurements rocheux surplombant la RD703, notamment à l’aide d'un drone.

Les conclusions du cabinet Géolithe ne laissent guère de doute quant à la dangerosité des falaises du Pech et de Beynac : cinq des neuf secteurs de l’étude sont classés comme ayant un aléa très élevé. Ce qui signifie concrètement que la probabilité d'un écroulement est fixée dans un délai de 1 à 5 ans. Sur deux autres secteurs, au Pech, l’aléa est considéré comme élevé : la période durant laquelle pourrait probablement se produire un écroulement est évaluée entre 1 et 20 ans.

Selon les experts, seuls les secteurs situés sous le château de Beynac seraient moins dangereux : la probabilité que de grosses masses rocheuses se détachant tombent sur la route est évaluée entre 20 et 100 ans. Ce qui ne signifie pas pour autant que le secteur est sauf : à la différence du Pech ou de l’entrée de Beynac où rien n’arrêterait d’éventuels éboulements, sous le château, ce sont les habitations qui serviraient de rempart à la route.

L’option d’un contournement du bourg de Beynac, qui dévierait près de 70% de la circulation, apparaît, dans ce contexte, comme un excellent moyen de réduire le risque « falaises » dans ce secteur.